20130703_Bopère_Paroles                                                                                                                                                                       

Fernande m’a demandé d’écrire quelque chose pour Michel …  En diverses obsèques, tous les deux s’étaient dit :  « le jacky écrira bien quelque chose pour nous » …  et je ne veux pas de décevoir ni Celui qui part, ni Celle qui doit rester …

Mais ce que j’AURAIS PU écrire tournerait autour des verbes, car le verbe est le mot qui dit ce qu’on fait … et Michel a beaucoup FAIT …  dois-je énumérer tous les verbes, toutes les actions accomplies par Michel ? de l’école à la ferme ? avant et après la retraite ? pour sa famille, sa commune, ses amis, son pays ? si peu pour lui-même …

Ses derniers mois, il disait : « je ne peux plus rien faire ? »

Ses dernières semaines, il disait : « on va me traiter de fainéant ? »

Ses derniers jours : « mais qu’est-ce que je fais ici ? »

Ses dernières heures : « qu’est-ce qui m’arrive ? »

Depuis son enfance, dans les périodes des guerres à la reconstruction, dans le milieu paysan comme dans le monde ouvrier : « on gagne son pain à la sueur de son front » …

ainsi pour Michel, il n’existe aucun doute : « au début était le verbe » : il faut FAIRE durant la Vie qui nous est donnée !!!

ainsi pour Michel, il n’existe aucun doute : « au début était … l’auxiliaire ÊTRE » :  

je travaille donc je suis, j’existe parce que cette terre est travaillée par moi, je vis parce que je suis capable de transformer le monde …

L’auxiliaire ETRE, pourquoi « auxiliaire » ??? (auxiliaire c’est  Qui aide, accessoirement ou temporairement  : accessoire ? …

comme le bras gauche ?  Le bras droit est adroit, sait tout faire et on ne peut pas s’en passer, on le lève quand on a gagné la course, pour montrer sa victoire, pour SE montrer …le bras gauche est ignoré,  mésestimé « il est gauche » ,

en 1958, Michel perd son bras gauche, ET pourtant … avec une moitié de bras gauche, Michel choisit de rester ce qu’il EST, un fermier, un travailleur de la Terre, celle qu’on lui a donné pour travailler … Fidélité, Honnêteté, Courage,qualités qu’il a montrées toute sa vie au travail de la ferme, au service des autres (commune, pompiers, fanfare, aux pinceaux), COURAGE : exemplaire … dans un monde où l’on montre les plus riches dans la lumière,  pas salis, pas fourbus, pas « matuvu » ... de quelle richesse parle-t-on ???

pour Michel, « au début était l’auxiliaire ÊTRE» ... et pas AVOIR …

Au début était « ETRE » comme dans les contes pour enfants, pour petits enfants, pour arrière petite enfant …

« Il était une fois »   encore une fois et encore une fois et encore, un eternel recommencement toujours et encore … faire et refaire … pour le Bonheur des plus petits …  Il était … Michel était …

Il était du Monde sans quitter Sa Placardelle

Il était de spiritualité Tibétaine = capable de contenir colère, peur, haine, Zen quand on le méprisait, l’exploitait, l’humiliait …

Il était de Générosité africaine = donner sans attendre en retour, tout donner quand on ne possède rien …

Il était de compétences Trappeur canadien = Capable de construire un abri solide avec un rien de bois, de tôle, de ficelle et de clous …

Il était Pragmatique comme ceux du nouveau monde = capable d’utiliser une fourche pour tenir la porte d’un clapier … fabriquer un manche de hache avec une branche …

Il était Talentueux comme le peintre Italien = capable de refaire une chapelle Sixtine en hommage à la Nature, faune et flore, dans sa cuisine …

Il était Résistant comme l’homme de la Steppe dans le temps froid, humide, chaud et sec, en short de mars à octobre, des chiffons dans les bottes si le froid veut percer …

Il était beaucoup mais rien qui ne pourraient se quantifier en €uros …

SES vraies valeurs à lui ne se monnaient pas, on n’achète pas l’Amour : on le donne …

Mais Il ya ceux qui voient et ne regardent pas …

Mais Il ya ceux entendent et qui n’écoutent pas 

Mais Il ya ceux qui parlent et ne disent rien 

Alors comme Michel, je me ferai humble et je me déclare incapable d’écrire  pour ses obsèques

car comment écrire plus beau que ce chant de Propriétaire terrien qui a le Courage d’épouser une ouvrière ???

Mignonne, quand le soir descendra sur la terre,
Et que le rossignol viendra chanter encore,
Quand le vent soufflera sur la verte bruyère,
Nous irons écouter la chanson des blés d’orNous irons écouter la chanson des blés d’or

extrait "Les blés d'or" Armand Maistral

Et Comment écrire plus beau que cet hymne du chasseur sonné pour un éleveur de sangliers …

Sauve d’abord du Bocage à l’Ardenne
Notre forêt si chère aux vieux gaulois,
Pour qu’à son chant, notre jeunesse apprenne
Les fiers secrets gardés par les grands bois.
Tu vis un jour, au fond du hallier sombre
La croix du Christ, que le grand cerf dans l’ombre,
Mystique appel qui conquit ta grande âme ;
Montre à nos yeux cette divine flamme,
Et Quand le Seigneur Appellera notre nom à son tour,
Epargne-nous les tristes mélopées ;
Tu sonneras pour nous le point du jour.
Au grand galop, Nous bondirons en poussant l’hallali,
Et nous ferons, au fracas des fanfares,
En ton honneur trembler le paradis !

extrait "Saint Hubert" sonnerie de cor

 trop de choses à raconter en repensant à Michel …

chacun a son souvenir, comment pourrais-je écrire sa vie ?

chacun a beaucoup à dire sur ses actions, ses Phrases …

par sa vie exemplaire, il a gagné son immortalité :

il était, il est, il sera encore longtemps le Michel