le 20 Mai … à Monza …
et l’année 1973
Monza : 20 Mai ……et l’année 1973
Si, effectivement, toute les parties s’accordent à dire que c’est l’affreux accident du Grand Prix d’ Italie qui marqua le début d’une nouvelle ère dans la sécurité des courses de vitesse, il n’en est pas moins vrai que c’est l’année 1973 toute entière qui est à considérer comme étant une véritable catastrophe dans l’ histoire de la compétition moto. Le 11 Mars 1973, le jeune prodige Finlandais, Jarno Saarinen remporte les 200 Miles de Daytona en Floride, devenant ainsi le premier pilote Européen à remporter cette épreuve mythique. Apportant un nouveau style de pilotage, en ne restant plus aligné dans l’axe de la machine et sortant le genou dans les virages, il créé vraiment une réflexion approfondie quant à la création de nouvelles trajectoires sur les circuits de vitesse, directement liée aux vitesses importantes qu’atteignent maintenant les motos de compétition et à leur aérodynamique. Mars-Avril : La Mototemporada, ‘la période des motos’ sur les circuits Italiens marque toujours le début de la Saison de vitesse en Europe, commençant traditionnellement par les circuits de la Péninsule. Après Modena le 18 Mars, Imola le 25, Misano le 1 er Avril, de nouveau Modena le 8, et Imola le 15 c’est sur le tout nouveau circuit français du Paul Ricard, que se retrouve le 22 Avril, le Continental Circus. Jarno y étreigne d’ ailleurs sa toute nouvelle TZ 500 que Yamaha à spécialement construite pour lui. Il y remporte la course des 500 cc, bien entendu. Si Jarno active ainsi les foules, c’est aussi pour d’autres raisons que son pilotage. Il est le premier d’une nouvelle génération de jeunes pilotes, remettant en cause le règne du Campionissimo Giacomo Agostini, l’ayant déjà battu à plusieurs reprises. Il est Ingénieur en Mécanique, jeune marié amoureux d’ une belle Finlandaise, Soeli, qui l’ accompagne sur les circuits et surtout le chef de file victorieux de la technologie des moteurs 2 temps, plus légers et aussi puissants que les vieux 4 temps, encore pour la plupart italiens. Renzo Pasolini, lui, en est l’opposé direct ! Déjà âgé
sans être vieux, il a commencé la course au milieu des années 60. Il est issu
d’un milieu aisé, fils de pilote moto, et a focalisé sur lui tous ceux que les victoires « faciles »
d’Ago et la domination des MV Agusta agaçaient. Pasolini, petite taille,
cheveux ondulés et lunettes d’écailles n’avait pas un physique d’aventurier
mais au guidon, il était diabolique. A l’époque, les courses en ville sur la
cote Adriatique étaient nombreuses et très bien rémunérées. Rimini, Cattolica
ou Pesaro, autant de parcours où l’audace de Renzo déchaînait les foules. Pas
très chanceux en Grand Prix, Paso incarnait la fougue et la passion face au travail et au calcul,
incarnés par Ago. Paso n’était pas une
Star même si son talent était immense. Ago forçait l’admiration ? Lui suscitait l’affection et l’humanité. Des
particularités très latines ! A noter ce même jour, à plusieurs centaines de kilomètres de là, la disparition du pilote Français, André-Luc Appietto lors d’une manche du Championnat de France 250cc, sur le circuit de Bourg en Bresse. Il avait été le premier Français à revenir en Grand Prix Mondiaux de Vitesse en 1969. Le 13 Mai, lors du Grand Prix d’ Allemagne de L’Ouest, Le Finlandais Volant, remporte la course des 250 et son compatriote et 1er supporter, Teuvo Lansivuori, celle des 350. A noter que les parents de Teuvo Lansivuori tenaient un commerce de Pompes Funèbres en Finlande, et les 2 pilotes se rendaient, à leurs débuts, sur les circuits européens dans un corbillard de l’entreprise familiale. Humour typiquement finlandais !..... C’est donc en tête du Championnat 250cc, en 500cc et très bien placé en 350cc que Jarno Saarinen arrive à Monza, le 20 Mai 1973, pour le Grand Prix des Nations. La course des 350 est programmée avant celle des 250. Trois nouvelles machines y font leur apparition : La nouvelle Harley Davidson, ex AerMacchi, 2T à refroidissement liquide de Renzo Pasolini et la dernière version de la Benelli 4 T de Walter Villa. Angel Nieto n’utilisera qu’aux essais une toute nouvelle 350 Morbidelli4 et pas en course. Lors de l’avant dernier tour de la course des 350, Walter Villa, alors 3eme s’arrête aux stands, diagnostiquant un piston cassé et reprend la course pour terminer en 5eme position sur les conseils de son Team. Ces 2 tours marqueront à jamais l’histoire des Grands Prix. En effet, celui-ci, avec son moteur défaillant, répand de l’huile moteur sur tout le tracé. Des pilotes le signalent aux organisateurs, ainsi que des spectateurs aux commissaires de piste. Le timing des courses étant très serré, les organisateurs décident d’ignorer la remarque. Il semblerait que les pilotes de tête n’auraient pu être prévenus par les derniers présents sur la grille de départ Le départ des 250 a lieu immédiatement après l’arrivée de la course des 350 que Giacomo Agostini, a remportée. Alors que Dieter Braun, Renzo Pasolini et Jarno Saarinen en 3 eme position, attaque à plus de 200 kmh, la Curva Grande, une longue courbe à droite qui se prend à fond immédiatement après la ligne droite des stands, l’AerMacchi de Renzo Pasolini se met en travers, propulsant son pilote directement vers les rails de sécurité et emportant avec elle la Yamaha de Jarno Saarinen. Renzo Pasolini aurait trouvé la mort en heurtant de face le rail très proche et non protégé alors que Jarno Saarinen, pendant qu’il se relevait sur la piste, aurait été percuté par une machine, peut-être celle de Chas Mortimer. Une autre version de l’accident fait part du retour sur la piste de l’AerMacchi de Pasolini et la Yamaha de Jarno Saarinen la percuta, fauchant également, les pilotes suivants. Les réservoirs, pleins en ce début de course, prennent feu. La course est stoppée pour permettre aux secours d’arriver. Des pilotes attardés prennent même la piste à l’ envers pour retourner aux stands. C’est la panique pour les deux seules ambulances de disponibles sur le circuit. Renzo Pasolini et Jarno Saarinen sont morts. Walter Villa, Börje Jansson, Chas Mortimer, Victor Palomo, Hideo Kanaya et Fosco Giansanti, bléssés plus ou moins gravement. Les organisateurs sont accusés d’avoir fait partir la course des 250 malgré les avertissements de témoins et de certains pilotes sur la trainée d’huile de la Benelli de Walter Villa. L’enquête officielle statuera sur un serrage du moteur de l’AerMacchi de Pasolini mais il est indéniable que les traces d’huiles furent un facteur aggravant de l’accident, pour les pilotes suivants. Les courses des 500cc et des Side Cars furent annulées. L’on reprocha longtemps à Walter Villa ces tours de trop ! Etant 3 eme à ce moment de la course des 350, on ne peut lui en vouloir d’avoir tout fait pour sauver quelques points au classement du Championnat du Monde. C’eut été plutôt au Directeur de son Team, Benelli, de l’arrêter pendant qu’il était aux stands. Il voulut raccrocher son cuir en fin de saison, même malgré l’offre de MV Agusta de le prendre dans leur Team. C’est finalement pour Harley Davidson, ex AerMacchi et employeur de Renzo Pasolini, qu’il accepta de courir en 1974. Le 27 Mai, à Charade près de Clermont-Ferrand en Championnat de France, un circuit très technique, les pilotes français refusent de prendre le départ. Ce même jour, en Yougoslavie à Skofja Loka, pendant la course des 350, le pilote Italien Emanuele Maugliani sort de la piste et fauche des spectateurs. Le pilote Italien, une femme de 78 ans et un garçon de 7 ans sont tués sur le coup. 3 autres victimes, dont la sœur de 4 ans du petit garçon, décéderont des suites de leurs blessures les jours suivants à l’ hopital. Emanuele Maugliani avait échappé au crash de Monza pendant la course des 250, le 20 Mai. Cette catastrophe marquera la fin de cette épreuve et déclenchera en Italie une vaste campagne de presse contre les circuits dangereux. Fin Mai, à Varese, en Italie, les responsables des Usines Harley Davidson, Yamaha et MV Agusta se réunissent pour statuer sur leur participation au Championnat du Monde de Vitesse 1973. Harley Davidson-AerMacchi se retire immédiatement du Championnat du Monde. Yamaha laisse ses machines 250 cc à Teuvo Lansivuori mais l’Usine se retire des autres cylindrées. MV Agusta reste en Championnat mais se réserve le droit de ne pas participer, suivant la dangerosité des circuits où ils seront engagés. Les trois Usines reviendront en 1974. 6/8 Juin Isle of Man 55 eme Tourist Trophy : Déjà fortement contreversé pour des raisons de sécurité, tous les pilotes du Championnat du Monde le boycottent ! Seul Jack Findlay, Australien mais licencié en France, y fait retentir la Marseillaise pour la course des 500. C’est la première victoire d’un moteur 2 temps depuis 1913. Les 4 temps ne le remporteront plus, tant que des 500 2temps y courront. 17 Juin : Grand Prix de Yougoslavie. Sur le très dangereux circuit d’Opatija, MV Agusta n’autorise que du bout des lèvres Phil Read et Giacomo Agostini à y participer, ‘sous leur propre responsabilité’. Pendant les essais 350, Phil Read heurte une pierre trainant sur la piste et entraine de ce fait toute l’équipe à plier bagages. Teuvo Lansivuori les imitent et Walter Villa, à peine remis de sa chute de Monza, pendant ces mêmes éssais s’y casse un bras. Kim Newcombe, pilote Néo Zélandais gagne la course des 500. Nous sommes au milieu de la saison et ironie du sort, Jarno Saarinen est encore leader du Championnat en 250 cc tandis qu’en 500, contre toute attente Kim Newcombe est 1 er avec 31 points et Saarinen, second avec 30 Points. Le 23 Juin, à Assen, lors du Dutch TT, le leader du championnat 125 cc, Kent Andersson le Suédois se casse une cheville, en chutant après s’être arrêté aux stands pour remplacer ses bougies. Il sera absent pour plusieurs Grand Prix, mais sera Champion du Monde 125cc en 1973. Le 8 Juillet, à Monza, lors d’une course du Championnat d’ Italie Junior, 3 pilotes, Carlo Chionio, Renzo Colombini et Renato Galtrucco trouvent la mort au même endroit que Pasolini et Saarinen, 50 jours plus tôt. Le 29 Juillet, à Imatra en Finlande, un circuit en ville, les side-caristes du Championnat du Monde boycottent la course, la jugeant trop dangereuse. La course aura quand même lieu avec des équipages locaux. Angel Nieto, démotivé n’avait quant à lui, même pas fait le déplacement. 11/12 Aout : Le Grand Prix de Grande Bretagne à Silverstone est endeuillé par l’accident du pilote Néo Zélandais Kim Newcombe, actuel second du championnat 500. Il chute à Stowe Corner pendant la course des 1000 cc, hors Championnat du Monde. Il décédera 3 jours plus tard à l’hôpital de Northampton, des suites de ses blessures. 7 Septembre à Misano, Italie : Giacomo Agostini se blesse à la jambe, sérieusement, lors d’éssais privés pour MV Agusta. Pendant sa convalescence, il fera des commentaires négatifs sur son coéquipier, Phil Read et sur la sécurité dans l’écurie MV Agusta, reproduits par la presse transalpine. 9 Septembre à Ziersdorf, en Autriche, c’est au tour de Dieter Braun de chuter et de se blesser. Le 16 Septembre, sur le circuit de Mallory Park, c’est la ‘Race of the Year’ , ‘la Course de l’Année’ que Barry Sheene gagnera. C’est pendant la course des superbikes que Tony Jefferies, vainqueur du junior TT de l’ile de Man en 1971, chute et met fin à sa carrière suite à un accident qui le laissera paralysé. Son fils, David Jefferies, âgé d’ 1 an à l’époque, deviendra un spécialiste des ‘Courses sur Route’ dans les années 2000. Malheureusement, très populaires mais aussi très dangereuses, il y perdra la vie en 2003, lors du Tourist Trophy. 22/23 Septembre sur le cicuit de Jarama, près de Madrid, Jan de Vries en 50 cc signe son 14 eme succès, record de victoires égalé avec Hans-Georg Anscheidt. Peu de temps après, Jan de Vries annoncera la fin de sa carrière. Il se sentait ‘ fatigué par la Course’. Michel Rougerie en 250 et Teuvo ‘ Teppi’ Lansivuori en 350 se blessent aux éssais et ne brillent pas en course mais finissent malgré tout C’est au retour du Grand Prix d’ Espagne que le Champion Suisse, Werner Pfirter et son mécanicien se tuent lors d’un banal accident de la route à Lerida. 4 Décembre : Coup de théatre dans le monde des Grand Prix : lors d’une conférence de presse, Giacomo Agostini annonce qu’il quitte MV Agusta pour Yamaha. Il souhaite courir en 750 et MV Agusta ne peut pas lui fournir de machine compétitive. 29 Décembre : Calvin ‘ CAL’ Rayborn, pilote américain de renom se tue dans une course sans grande importance en Nouvelle Zélande, sur le circuit de Pukehoke, près d’Auckland. Double vainqueur des 200 Miles de Daytona, ancien Number One, il déplorait qu’ Harley Davidson ne puisse lui fournir de machine compétitive et envisageait un tournant dans sa carrière. Les GP moto Européens ou les Courses Automobiles ? Ce choix, comme les circonstances de sa participation à cette course sont toujours l’objet de diverses hypothèses. 15 !..... Ils
sont 15 à avoir perdu la vie cette année là, dans l’environnement proche des
Grands Prix de Vitesse. Jamais plus, on ne verra pareille hécatombe. Bien que les retombées de cette catastrophique course fussent planétaires, celles-ci ne se firent pas immédiatement sentir. Mais quelque chose avait bougé. A partir du Grand Prix des Nations de Monza, le monde des courses changera. Petit à petit, les rails de sécurité s’éloigneront pour disparaitre complètement, laissant la place aux Air Fences et autres bacs à gravier ou diverses protections. Dès 1974, le Tour de Reconnaissance sera obligatoire pour toutes les courses de la journée. Les circuits ‘en Ville‘ disparaitront irrémédiablement. Les circuits ‘dangereux’ aussi, ou seront grandement modifiés. Le syndicat des Pilotes sera créé et deviendra de plus en plus puissant. La ‘Clinique Mobile’ du Docteur Costa existera dès la saison suivante, suite au capharnaüm épouvantable qui suivit les premiers instants du drame de Monza. La FIM et la Fédé Italienne en étant les premiers instigateurs. Les Industriels se jetteront dans un nouveau créneau : la sécurité active des pilotes. Aujourd’hui, ce sont bien plus que des retombées technologiques qui composent nos tenues de tous les jours : les fibres composites, le Carbone-Kevlar, le Lexan et la Structure Radiale des pneus font parties de notre vocabulaire. On parle même d’AirBag Pilote et d’obligation de l’ABS sur les machines futures. Il se murmure aujourd’hui que l’on serait sur le point de réaliser des ‘couches de matériaux à absorption d’énergie cinétique pour la calotte périmétrique de nos casques’ ?....(Nolan). Aujourd’hui également, en course, des voitures rapides, remplies de matériels de secours de première Urgence et de 2 médecins suivent les pilotes lors du premier tour. Dés le rachat de Ducati par les Frères Castiglioni, de 1986 et jusqu’ en 1991, il exista une 750 puis une 906 Paso, dans la gamme Ducati ! Ceci n’était pas un acronyme technique quelconque. C’était bien un hommage de leur part à ce pilote disparu. | Jarno Saarinen et Renzo Pasoloni RenzoPasoliniJarnoSaarinenSachsenring1972.jpg Jarno_MadameSoeliSaarinen2010Sachsenring.jpg ![]() JarnoandSoeli1972.jpg JarnoSaarinen1970Tchecoslovaquie.jpg
JarnoSaarinen1973Monza1havantlesessais.jpg Monza_CalRayburnHD750XR.jpg MonzaChasMortimerSpa1976.jpg MonzaDieter_braun.jpg MonzaTeuvoLansivuori.jpg MonzaVictorPalomoE1976.jpg |
Difficile de parler de Monza, sans aborder toute une époque !!!! Trouve, ci-joint, des photos
de la charmante épouse de Jarno Saarinen, qui a fait beaucoup pour l '
image de son idole de mari .......ils étaient tous les deux aussi
connus l'un que l' autre, mais pas pour les mêmes raisons! Enfin, l’année 1973 vit aussi les naissances d’enfants aujourd’hui très connus : Emilio Alzamora, Andrea Ballerini, Loris Capirossi, Olivier Jacques, Kenny Roberts Junior et Tohru Ukawa. Quelques Champions du Monde……
L’on dit même que le pilote de F1 italien, Jarno Trulli, né en 1974 se prénomme ainsi car ses parents étaient de grands admirateurs de Jarno Saarinen. Comme quoi, la Passion !……… |